N° 681 | Le 9 octobre 2003 | Patrick Méheust | Critiques de livres (accès libre)

Institutions et organisations de l’action sociale

Coordonné par Chantal Humbert


L’Harmattan, 2003 (237 p. ; 19 €)

Thèmes : Usager, Institution

Ce nouvel ouvrage collectif s’intéresse aux différentes déclinaisons des concepts d’organisation et d’institution dans le champ de l’action sanitaire et sociale. Alors que la loi du 2/01/2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale tente d’impulser une dynamique centrée sur les droits et la participation des usagers, il est sans doute opportun de se demander comment des établissements et services souvent très structurés (voire sclérosés parfois) sur les plans hiérarchiques et organisationnels, encadrés d’autre part par de nombreux textes de nature administrative ou juridique et, enfin, très imprégnés d’une éthique de la prise en charge collective vont pouvoir évoluer positivement dans l’avenir.

Il est probable que pour éviter de tomber dans la logique consumériste (assez en vogue de nos jours dans tous les secteurs) ou succomber aux « charmes » du modèle technico gestionnaire emprunté au monde de l’entreprise, une attention toute spéciale doive être portée au projet d’établissement ou de service. C’est, en l’occurrence, ce que recommandent avec conviction certains des auteurs du livre : « Le projet comme outil de référence, au centre de l’organisation, débattu par tous, doit faire autorité dans l’institution » (p. 127).

De la sorte, les usagers qui détiennent un droit de regard sur le fonctionnement interne pourront, en toute transparence, identifier la philosophie politique qui inspire la « gouvernance » de l’institution. L’enjeu est ainsi de parvenir à un type de “management” où les valeurs, les logiques d’action, les modes de décision et de gestion trouvent à se confronter et à s’articuler dans une espèce de dialectique permanente.

Le lecteur appréciera également, entre autres, la contribution du sociologue J. Saliba sur les aspects normatifs des institutions. Une des fonctions premières de celles-ci reste, en effet, de produire des catégories, de canaliser la pensée individuelle au travers de représentations collectives « instituées », dans le but de réguler les conduites et d’asseoir un ordre social. Dans cette perspective, le recours à des métaphores en rapport avec la nature, de façon à « naturaliser » justement les différences et plus spécifiquement les hiérarchies, est d’un usage courant.

L’ouvrage examine enfin les modalités de prise en charge d’un certain nombre de structures associatives (de l’internat aux services aux personnes à domicile). Ce vaste travail bien documenté présente le mérite de « brasser large » et de permettre ainsi à chacun, quel que soit son propre contexte professionnel, de trouver matière à une utile réflexion.


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