Hébergement : alertes et grève du 115 à l’approche de l’hiver

« N’attendons pas les premiers morts pour agir ! » Président du Samu social de Paris, Éric Pliez met en garde : « l’hiver qui se profile pourrait bien être le pire depuis longtemps. » Tous les jours en Ile-de-France, 135 familles (environ 800 personnes) sollicitent le 115 sans obtenir de places. Ce chiffre a doublé en un an. Avec le froid, la demande va augmenter. En 2015, le 115 Paris a répondu à plus de 1 600 appels quotidiens, contre une moyenne de 1 100 hors période hivernale. L’annonce par la préfecture de la création de 2 870 nouvelles places d’hébergement d’urgence, dont 1 100 à Paris, ne suffit pas à rassurer Eric Pliez. « On n’est pas sûr que ce soit suffisamment dimensionné et on ne sait pas tout à fait ce que sont ces places. On ne peut pas mettre des familles dans des gymnases. »

Réquisition des bureaux inoccupés

À Caen, la préfecture prévient au contraire qu’au vu du nombre de familles à la rue, les gymnases pourraient être réquisitionnés sans attendre une baisse de température à -5°. Car si la région parisienne est particulièrement touchée, la France entière peine à mettre à l’abri les sans domiciles. Pourtant, le président du Samu social parisien propose des solutions pour un accueil temporaire : réquisitionner les bureaux inoccupés, déployer des « structures modulaires », permettre d’héberger des personnes hors de leur département de prise en charge. Les autres pistes ne relèvent pas de l’urgence : loger les travailleurs pauvres, ouvrir des places en EPHAD pour les SDF vieillissants et en institution pour les personnes handicapées.

« Rien n’est anticipé »

En Isère, les salariés du 115 seront en grève aujourd’hui face au manque de moyens « criant », un accès à l’urgence « arbitrairement hiérarchisé et largement discriminatoire », des besoins essentiels « ignorés ». Dans le Gard, la directrice du pôle exclusion de la Croix rouge, Sandra Rossi appréhende aussi l’hiver avec ce constat : « Toute l’année, nous avons un taux de réponses positives au 115 de 23 %. Il y a 180 places d’hébergement d’urgence sur le département, dont 70 à Nîmes. L’hiver, nous obtenons 12 places supplémentaires. » Très coûteuses, les nuitées en hôtel viennent parfois renforcer ce dispositif. Un budget conséquent qui pourrait servir à ouvrir de vraies places d’hébergement. « Rien n’est anticipé, constate l’ex maraudeuse du Samu social. L’an dernier, il a fallu attendre décembre pour obtenir 15 places supplémentaires. »