Chez M. Wauquiez, le métier d’éducateur ne serait plus en tension

En région Auvergne-Rhône-Alpes, une décision prise au cœur de l’été bouleverse l’avenir professionnel de plus d’une centaine d’étudiants en formation d’éducateur spécialisé (ES) et de moniteur éducateur (ME). En effet, selon un arrêté préfectoral du 26 juillet, applicable le 5 septembre, ces deux professions sont sorties de la liste des métiers en tension, c’est-à-dire à fort besoin de recrutement.

Cela signifie concrètement que Pôle emploi n’accorde plus d’allocation de rémunération de fin de formation (RFF) pour les élèves ME et ES. Un coup dur pour les personnes en reconversion qui comptaient sur cette somme pour poursuivre leurs études pendant deux ou trois ans. « Pôle emploi m’a incité à devenir éducateur spécialisé parce que c’était un métier en tension, explique Christophe Ladret, étudiant en première année d’ES. J’ai donc entamé les démarches d’inscription dans ce parcours professionnel dès fin 2016 pour pouvoir passer le concours. La formation est géniale, mais je ne suis pas sûr de pouvoir aller au bout sans aucun moyen de subsistance. »

Impossible de travailler en parallèle

Un collectif d’étudiants en première année tente donc d’infléchir cette décision afin qu’elle ne soit appliquée qu’à partir de la nouvelle promotion de septembre 2018. « Nous sommes solidaires de nos étudiants, parce que cette formation demande un investissement à plein temps, qui ne permet pas de trouver des ressources en travaillant à côté, souligne Eric Ferrier, responsable des formations initiales de l’Association régionale pour la formation, la recherche et l’innovation en pratiques sociales (ARFRIPS), à Lyon.

Et d’ajouter àu-delà de cette promotion, cette décision va impacter cette formation qui, de tout temps, a eu pour principe d’être ouverte à un public qui a déjà de l’expérience professionnelle. Aujourd’hui, nous avons des étudiants au parcours scolaire classique soutenus par les parents et des plus de 40 ans. La moyenne d’âge et de 25 ans, si nous n’avons plus que des jeunes, nous allons perdre une richesse d’expérience nécessaire dans ces métiers ».

Changer les règles au milieu du match

Le collectif fait appel au bon sens des instances décisionnaires qui, en changeant les règles du jeu au milieu du match, créent une situation d’iniquité dans une même promotion. Il rappelle que « la responsabilité de la Région est de soutenir la formation de ceux qui accompagnent les situations sociales les plus difficiles ». Pour l’instant leurs courriers au préfet et aux élus du Conseil régional restent lettre morte, sauf de la part de l’opposition.

Les deux présidents du Groupe socialiste, démocrate, écologiste et apparentés, Jean François Debat et Anna Aubois s’interrogent sur le fond en s’adressant à la vice-présidente de la région et à son président, Laurent Wauquiez : « Il est incompréhensible de voir retirer le métier d’éducateur spécialisé de la liste des métiers en tension dans notre région alors même que le métier attire moins et que les besoins sont grands. Mais s’agissant de professionnels de l’action sociale, peut-être est-ce purement un choix idéologique qui a guidé votre décision car la réalité du marché du travail pour ce secteur ne justifie aucunement le retrait de ces métiers à l’éligibilité de la RFF. »