Désintégration

Mathieu Angotti dirige actuellement le centre communal d’action sociale de la ville de Grenoble. Il a quitté la bulle de Matignon où il a été de 2012 à 2014 le conseiller du premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault. Venu de la société civile, directeur de la Fnars, il n’a pas le profil habituel des conseillers. Il déboule « sans rien connaître de cet univers-là » avec une mission, un plan de lutte contre la pauvreté et une réforme, celle de la politique d’intégration. Le projet de BD est né le jour de son entrée à Matignon. Son ami, le dessinateur Robin Recht lui dit : « Prends des notes tous les jours ». À la sortie, une BD au titre ravageur : Désintégration raconte la lente désillusion du conseiller qui a voulu, à travers ce texte « illustrer les travers de l’entre-soi et les petites cuisines du gouvernement, pour attirer l’attention sur ce qu’il faudrait changer ». Lorsque Matignon l’appelle il se dit : « C’est peut-être une fenêtre, il y a peut être un truc à faire » mais « cinq ans plus tard, on n’a a peu près rien pu mettre en place ». Dans l’entre-deux, la BD illustre avec un graphisme sobre la lutte au quotidien, les conflits entre ministères, les tractations jusque tard dans la nuit, la vie privée entre parenthèses, l’espoir de voir aboutir sa réforme, les déceptions. Puis arrive « l’ouverture brutale du diaphragme » : la fin du gouvernement Ayrault. « L’obligation de quitter le confort quotidien du bunker de luxe. » Et la liberté retrouvée. Avec l’espoir qu’un jour, sa conviction, l’ouverture de la machine gouvernementale au monde, aux citoyens, devienne réalité, « bouscule les codes, permette la transgression, la créativité ». Pour faire entrer l’air dans les couloirs feutrés.