CNAPE : L’avenir de la prév’ ? La communication...

La prévention spécialisée a-t-elle encore un avenir ? Organisée les 29 et 30 novembre à Paris par la Cnape, fédération d’associations de la protection de l’enfance, cette conférence se voulait volontairement provocatrice. « Nous avons choisi ce thème parce que la profession vit un paradoxe, explique Laure Sourmais, responsable du pôle protection de l’enfance de la CNAPE. On n’a jamais autant parlé de la prévention spécialisée dans les ministères, mais sur les territoires des équipes disparaissent, où sont tellement réduites qu’elles ne peuvent plus exercer correctement leur métier. »

De la posture à l’imposture

Trois cent professionnels se sont réunis pour échanger sur ce sujet. Il en ressort que l’avenir de la prévention spécialisée passe par un changement de son mode de communication avec les élus. « Certains éducateurs de rue sont dans une posture qui relève de l’imposture, dénonce Alexis Coutin, porte-parole du collectif des éducateurs de rue de la Drôme. Refuser d’expliquer ce que l’on fait sous prétexte de ne pas vouloir stigmatiser le public n’a pas de sens, la prév’ s’est construite autour de la lutte contre la délinquance. Nous ne faisons pas que ça, mais nous le faisons depuis toujours. Nous ne pouvons pas quantifier la prévention, mais nous devons montrer nos actions collectives. On peut le faire sans trahir nos fondamentaux, la libre adhésion et la confidentialité. »

Défendre et valoriser le métier

La Cnape s’engage donc à aider ses adhérents à dire ce qu’ils font et comment ils travaillent. « Nous allons élaborer un argumentaire pour défendre le travail réalisé avec les jeunes auprès des politiques, précise Laure Sourmais. Il faudra évidemment l’adapter aux pratiques de chaque équipe en fonction des territoires. »

En octobre, la signature d’une convention entre acteurs de la prévention, ministères et associations d’élus, rappelant les fondamentaux du travail de prévention et de ses modes financements, est passée quasiment inaperçue. « Si tout le monde l’a signée, c’est qu’il n’y a rien dedans, ironise Alexis Coutin. Cela démontre que nos représentants sont incapables de défendre et de valoriser notre profession face à des politiques économiques idéologiques. C’est pour ça qu’il y a une telle émergence de collectifs, qui défendent leur métier plus que leurs emplois. »
Les organisations professionnelles tergiversent depuis longtemps sur l’intérêt de rendre visible le métier, et son intérêt : il semble qu’il y ait urgence.