N° 927 | Le 30 avril 2009 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

150 petites expériences de psychologie pour mieux comprendre l’autre sexe

Serge Ciccotti


éd. Dunod, 2008 (294 p. ; 18,50 €) | Commander ce livre

Thème : Psychologie

Des millénaires durant, les différences entre les sexes ont servi de prétexte pour asservir les femmes. Serge Ciccotti relève le défi d’établir ce qui les distingue, sans pour autant tomber dans le sexisme ou la justification des discriminations. Il s’appuie, pour cela, sur les nombreuses expérimentations qui ont eu lieu, à travers le monde, pour tenter d’établir statistiquement des distinctions signifiantes. Il a d’abord recours à la physiologie.

Ainsi, constate-t-on que les femmes se réveillent deux fois plus vite d’une anesthésie que les hommes, sans qu’on sache aujourd’hui l’expliquer. Pour ce qui est de leur taux d’alcoolémie supérieur, à consommation et à poids égal, il est lié à la constitution graisseuse plus importante de leurs tissus (du fait de la nécessité de disposer de réserves pour nourrir le fœtus). L’auteur évoque ensuite le rôle de la culture dans la production de certaines différences, comme cette tendance à confier des rôles prédéfinis en fonction du genre, créant ainsi tant de stéréotypes.

Mais l’axe de réflexion qu’il nous propose s’imprègne bien plus de la psychologie évolutionniste darwinienne qui tente de relier les mécanismes humains aux contraintes environnementales qui l’ont amené à s’adapter. Notre espèce a, comme les autres, privilégié certains gènes en raison de leur capacité à répondre avec plus d’efficacité aux exigences de la survie. Ainsi, remarque-t-on que l’annulaire de la main masculine est plus long que son index. La spécialisation de l’homme, dès l’époque préhistorique, dans la chasse aurait favorisé la reproduction de ceux qui étaient dotés de cette configuration susceptible de permettre un lancer plus précis.

Autre illustration de cette hypothèse : si le QI est identique quel que soit le sexe, le déploiement de l’intelligence ne l’est pas forcément. L’homme serait plus à même de se repérer dans l’espace (étant donné sa fréquente recherche de gibier) et la femme plus habile aux relations sociales (plus habituée à tisser des liens étroits pour mieux asseoir et protéger la place de sa progéniture). Il en irait de même pour la peau plus mince et les récepteurs nerveux plus développés chez les femmes, moins confrontées que leurs compagnons à la dureté des affrontements physiques guerriers et à la traque violentes des animaux.

C’est vrai qu’un tel discours peut être dangereux, s’il est utilisé d’une manière mal intentionnée. Et l’absence de présentation d’expérimentations contradictoires, pourtant si fréquentes en la matière, donne un aspect d’unanimité suspecte de la recherche présentée par l’auteur. Mais une expérience évoquée dans l’ouvrage réconciliera tout le monde. Trois groupes composés d’hommes seuls, de femmes seules et de membres mixtes ont été testés, démontrant que c’est bien le dernier qui se montre le plus inventif et créatif.


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